Au vu de la propagation extrêmement rapide du variant Omicron dans tout le pays ces derniers mois, de nombreux Canadiens se sont posé des questions quant au niveau de protection offert par les vaccins comparativement à une infection naturelle. Comme vous le savez probablement, il existe deux façons de développer une immunité contre la COVID-19 : 1) être infecté et se rétablir; et 2) être vacciné, l’immunité augmentant avec le nombre de doses de vaccin. Dans ce bulletin d’information, nous pouvons vous faire part, grâce à l’enquête de la phase 3, des antécédents d’infection à la COVID-19 et du statut vaccinal des participants à l’étude Ab-C avant la vague d’Omicron qui a commencé à la mi-décembre 2021. La bonne nouvelle est que 95 % des participants ont été vaccinés et que la plupart d’entre eux ont reçu au moins deux doses. Vous trouverez plus de détails ci-après.
Dans la phase 3 de l’étude Ab-C, nous avons interrogé les participants sur leurs antécédents d’infection à la COVID-19 et sur leur statut vaccinal. Comme lors des phases précédentes, nous avons considéré qu’une personne avait des antécédents d’infection à la COVID-19 si : (i) elle avait obtenu un résultat positif à un test de dépistage de la COVID-19; ou (ii) le résultat du test de la tache de sang séché était positif, c’est-à-dire qu’il montrait la présence d’anticorps à une protéine spécifique — la protéine nucléocapside — qui se manifeste lors d’une infection naturelle. Nous avons fait une distinction entre les antécédents d’infection et le statut vaccinal. Nous avons réparti les participants en cinq catégories sur la base de leurs antécédents d’infection à la COVID-19 et de leur statut vaccinal en date du 15 octobre 2021:
À la figure 1, on peut voir que la source d’immunité de loin la plus courante résulte de l’administration de deux doses de vaccin, les Canadiens plus âgés étant davantage susceptibles d’être complètement vaccinés que les plus jeunes. Moins de 1 % des participants avaient cependant reçu une dose de rappel (c’est-à-dire une troisième dose) en octobre (ce chiffre a considérablement augmenté au cours des quatre derniers mois). Les infections à la COVID-19 étaient rares, en particulier chez les 18-39 ans. Même dans le groupe des 40-59 ans, qui compte la plus grande proportion de participants ayant des antécédents d’infection à la COVID-19, moins de 10 % avaient été infectés. Si l’on considère à la fois les antécédents d’infection et la vaccination, les personnes âgées de 40 à 59 ans présentaient la plus forte proportion (5 %) de personnes sans aucune immunité (c’est-à-dire « immuno-naïves »).
À l’échelle nationale, le Canada avait un taux relativement faible de cas confirmés de COVID-19 avant le 1er décembre 2021 — environ 5 % de la population totale — comparativement aux États-Unis et au Royaume-Uni (environ 15 % de la population dans les deux cas). Les Canadiens ont également été moins nombreux à recevoir une dose de rappel (moins de 9 % de la population), comparativement aux États-Unis (14 %) et au Royaume-Uni (27 %) (figure 2).
Les faibles taux de rappel et d’infection naturelle ont-ils rendu les Canadiens particulièrement vulnérables au variant Omicron? Selon des données recueillies au Royaume-Uni et aux États-Unis, les rappels offrent une meilleure protection contre les maladies symptomatiques et graves que deux doses seules. Combinée à des antécédents d’infection, la vaccination offre un niveau de protection encore plus élevé. Lorsque les résultats de la phase 4 de l’étude Ab-C (actuellement en cours) seront complets, nous serons en mesure de rendre compte en détail des conséquences de la vague d’Omicron.
Nous avons une longueur d’avance sur les données relatives à Omicron grâce à une enquête menée début février par l’Institut Angus Reid auprès d’adultes canadiens. Neuf pour cent d’entre eux ont déclaré avoir été testés positifs à la COVID-19 en janvier 2022, un chiffre auquel il convient d’ajouter cinq autres pour cent de personnes probablement infectées si l’on en croit les symptômes dont elles ont fait part. En outre, un Canadien sur cinq (21 %) (un sur quatre au Québec) a déclaré qu’au moins un membre de son foyer avait testé positif au cours des deux derniers mois. Compte tenu du taux de transmission élevé du variant Omicron et du fait qu’environ 60 % des Canadiens n’ont pas été testés au cours de cette vague, il est probable que ces taux d’infection déclarés sous-estiment le nombre de cas. Si ces chiffres se confirment lors de la phase 4, il se peut que le variant Omicron fasse doubler le nombre de Canadiens infectés à la COVID-19.
L’identité des personnes dont le résultat à un test de dépistage de la COVID est positif dépend bien évidemment de l’identité des personnes qui se font tester. Or cela varie d’une région à l’autre et dépend des caractéristiques de la population. La figure 3 illustre le rapport entre le nombre de Canadiens ayant déclaré un test positif et le nombre réel de tests positifs confirmés par le gouvernement du Canada avant et pendant les vagues d’Omicron. La différence relative entre les tests déclarés et les tests confirmés était faible avant Omicron, mais elle a augmenté de façon substantielle pendant la vague d’Omicron. Cela peut signifier que les données de test normalement utilisées par les gouvernements ne sont pas très fiables (les données de la phase 4 de l’étude Ab-C contribueront à combler cette lacune).
Nous tenons à vous remercier ainsi que tous les autres participants à l’étude Ab-C. Sans votre contribution, cette étude n’aurait pas été possible. Pour celles et ceux qui ont déjà répondu au sondage de décembre et renvoyé leurs échantillons de sang séché pour l’étude de la phase 4, soyez assurés que vous recevrez bientôt les résultats de votre test de dépistage des anticorps à la COVID. Si vous ne l’avez pas fait, nous vous encourageons à agir dès que possible, afin que nous puissions vous transmettre vos résultats sans délai.
Vos réponses au questionnaire et/ou votre échantillon de sang aideront à combler des lacunes cruciales dans l’état de nos connaissances sur l’étendue de la vague virale d’Omicron.